Décryptage | De la COP30 au Congrès des Maires : les collectivités au défi du changement climatique

Alors que la COP30 s’est ouverte le lundi 10 novembre dernier à Belém, dans un contexte international tendu et face à des enjeux climatiques majeurs, les collectivités françaises ont pu échanger sur ces sujets lors du Congrès des Maires et Présidents d’intercommunalités, qui s’est tenu du 17 au 20 novembre, dans un contexte d’instabilité budgétaire et institutionnelle inédit.

Un contexte international tendu et des objectifs ambitieux

Dix ans après l’Accord de Paris, les Etats ambitionnent toujours d’atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre fixés en 2015. Le changement climatique est plus que jamais visible et vécu par nombre de territoires : en 2024, le seuil de +1,5°C a été franchi. Parallèlement, les Etats-Unis se sont retirés de l’Accord de Paris et les mouvements climatosceptiques se développent. L’objectif de limiter le réchauffement climatique à +2°C est mis à mal. Ainsi, les parties doivent œuvrer de concert pour faire progresser l’action climatique à l’échelle mondiale.

A Bruxelles, un accord historique a été trouvé début novembre concernant la contribution de l’Union européenne à la COP30. Il confirme l’ambition de baisser de 90% les émissions d’ici 2040 (par rapport à 1990), incluant jusqu’à 5% de crédits carbone internationaux [1]. Les Etats membres de l’Union européenne, sont tenus par ces engagements internationaux et européens. La France quant à elle, se déclare pleinement mobilisée, malgré les difficultés institutionnelles et budgétaires qu’elle rencontre. Pour autant, une simplification des rapports sur la durabilité et le devoir de vigilance, notamment des grandes entreprises, a été votée au niveau du Parlement européen début novembre.

Dans ce contexte, la COP30 de Belém a souffert de blocages sur les combustibles fossiles et la déforestation, mettant en lumière la fragilité du multilatéralisme climatique. Quelques avancées ont toutefois été obtenues en matière d’adaptation, de transparence et de finances : création d’un mécanisme de transition juste, nouveaux travaux sur l’alignement des flux financiers, mise à jour des informations ex ante sur les financements, échanges sur les contributions de solidarité mondiale … Le bilan de la COP30 demeure contrasté. Il doit être accompagné par l’émergence de coalitions volontaires pour changer de paradigme, auxquelles les collectivités locales peuvent prendre part. Celles-ci sont en première ligne face aux impacts du changement climatique, et peuvent jouer un rôle déterminant, tant au niveau local qu’international [2].

[1] Lire La France se félicite de l’adoption de la loi climat européenne et de la contribution de l’Union européenne pour la COP30

[2] Lire Cities Take Center Stage in COP30’s Climate Agenda

Les collectivités locales comme cheville ouvrière de l’atténuation et de l’adaptation au changement climatique

Alors que les débats nationaux et internationaux font état d’un « backlash » écologique, la transition écologique semble bien intégrée au niveau local. Les derniers travaux d’I4CE rappellent que les investissements des collectivités en faveur du climat ont progressé depuis 2017 [3]. Dans une étude de juin 2025, l’Institut Terram évoque une « conscience territorialisée » des citoyens à la transition écologique [4]. Les collectivités locales, confrontées au pragmatisme de l’action publique ne peuvent nier ces changements. La transition écologique a par ailleurs été au cœur de nombreux temps forts du 107ème Congrès des Maires et des Présidents d’intercommunalités.

« Coopérer pour mieux gérer » le Forum organisé par l’AFL

Le Forum « coopérer pour mieux gérer », organisé par l’AFL, la banque des collectivités locales, s’est tenu le 19 novembre 2025. Il a permis d’explorer le sujet de la coopération territoriale au service de la transition écologique et de présenter les premiers enseignements d’une étude qui sera publiée en avril 2026. Au-delà de la stricte coopération, la question des financements est centrale pour permettre aux territoires d’actionner les leviers de la transition. Aujourd’hui, tous les acteurs sont appelés à contribuer à la réduction du déficit public français limitant de facto leurs capacités d’investissement.

Quels leviers financiers à la main des élus locaux pour faire face aux enjeux climatiques ?

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La baisse prévue des dotations de l’Etat, la disparition progressive de la fiscalité locale, et le ralentissement de la croissance limitent les recettes des collectivités. Dans un récent billet, I4CE invite les collectivités à accélérer les financements climat en changeant de méthode : prioriser les investissements en intégrant les impacts environnementaux (1), évaluer et programmer les besoins d’investissement climat (2) et mobiliser l’ensemble des leviers de financement (3) [3] dont le recours à l’emprunt. L’AFL défend le recours à l’endettement comme levier légitime et nécessaire à la main des collectivités pour financer la transition écologique sous réserve leur solvabilité financière [5].

Toutefois, les collectivités ne disposent pas toutes des mêmes capacités d’investissements pour s’adapter. Un travail collectif, à l’échelle inter territoriale apparaît indispensable et peut se matérialiser par de nouvelles coopérations sur des thématiques telles que la gestion de l’eau, les déchets et l’économie circulaire, la transition énergétique, l’aménagement urbain et l’agriculture et l’alimentation. Une étude réalisée par l’AFL en partenariat avec le CNFPT-INET sera publiée sur le sujet en avril 2026.

[3] Lire Climat : où en sont les investissements des collectivités ?

[4] Lire Décryptage | Penser la transition écologique depuis les territoires

[5] Lire Décryptage | S’endetter pour financer la transition écologique : une position partagée par l’AFL et le Lierre

Face à l’urgence climatique et à la complexité des enjeux, les collectivités locales apparaissent comme des actrices incontournables de la transition écologique. Pour faire face aux nombreux défis qui s’opposent à elles, la coopération territoriale fait partie de l’équation finale et constitue le sujet de la prochaine étude AFL-INET.

💬 Un décryptage de Lou Lamure-Guigard, Responsable des relations partenaires & chargée du développement de l’AFL.