Pour produire, diffuser et simplifier les ressources relatives aux enjeux de la transition écologique sur les territoires, plusieurs partenaires réunis autour du Lierre [1] ont lancé la plateforme Solutions Transitions en septembre 2025.
Face aux engagements climatiques pris par la France, les ressources propres des collectivités, des dotations de l’Etat et des partenaires ne suffisent plus. L’une des fiches proposées par Le Lierre présente le recours à l’endettement comme un levier légitime et nécessaire pour financer la transition écologique, une position également défendue par l’AFL, la banque des collectivités locales.
[1] Le Lierre est un réseau professionnel d’acteurs publics engagés pour des politiques publiques de transition plus ambitieuses
            
Partant du constat que les collectivités locales sont incontournables, et que les agents et élus locaux partagent, au-delà des clivages, une volonté d’agir, le projet Solutions Transitions réunit sur son site internet des fiches pratiques et des ressources sélectionnées pour partager la connaissance et faire avancer les projets de territoire.
Un levier indispensable pour répondre aux enjeux locaux
Pour atteindre les objectifs de neutralité carbone, de préservation de la biodiversité et d’adaptation aux dérèglements climatiques, des investissements massifs, durables et rapides s’imposent. Les montants déjà engagés par les collectivités ont certes augmenté ces dernières années, ils demeurent néanmoins insuffisants. Selon plusieurs rapports, ils devraient, à minima, être doublés (IGF ; I4CE).
Que ce soit en matière d’autofinancement (difficulté à contenir les dépenses de fonctionnement en parties contraintes, réduction de l’autonomie fiscale des collectivités …), ou de subventions et dotations (crise des finances publiques, tensions sur les budgets locaux), les ressources des collectivités ne peuvent suffire. Le recours à l’emprunt, sous réserve de la soutenabilité financière de la collectivité, apparaît comme une solution naturelle et incontournable pour accélérer les investissements nécessaires à la transition écologique.
Aujourd’hui, la dette publique locale représente moins de 10% de la dette publique nationale, et la « règle d’or » interdit aux collectivités de financer le déficit par l’emprunt. Fin 2023, toutes collectivités confondues, la capacité de désendettement était de 4.5 ans, bien en deçà de la zone de vigilance (10 à 12 ans) fixée par le ministère de l’Économie.
La capacité de désendettement est l’encours de dette rapporté à l’épargne brute. Porter ce ratio à 5.5 ans permet de dégager 47 milliards d’euros supplémentaires pour la transition écologique.
                            Des freins culturels et structurels à lever
Même si le recours à l’emprunt paraît légitime, les contraintes pesant sur les finances publiques limitent les marges de manœuvre des collectivités, invitées à réduire le déficit national.
Deux freins principaux subsistent :
- Une réticence culturelle: La dette a mauvaise presse et de nombreuses collectivités se félicitent d’un ratio dette/habitant quasi nul, qui serait le signe d’une gestion prudente et d’une fiscalité locale réduite.
 - Une inégalité territoriale : Les capacités d’endettement varient fortement d’un territoire à l’autre. Certains territoires, plus exposés aux risques climatiques, doivent investir davantage.
 
            
L’AFL, la banque des collectivités locales, analyse chaque année la situation financière des collectivités locales et leurs groupements à travers un baromètre. Ce dernier met en exergue les disparités qui existent entre collectivités et entre territoires.
Par ailleurs, un travail est en cours avec un groupe d’élèves de l’INET sur le financement de la transition écologique en inter-territorialité, c’est-à-dire à travers des modalités de financements partagés à une échelle qui dépasse les périmètres administratifs des collectivités. L’étude sera publiée en avril 2026.
Communiquer, valoriser et répertorier
Pour lever les obstacles, la fiche du Lierre préconise de mieux communiquer sur la stratégie d’endettement. Petites ou grandes, les collectivités locales peuvent financer leurs politiques de transition écologique à travers un emprunt raisonné et encadré.
Pour répondre aux détracteurs, il convient :
- de communiquer sur les investissements réalisés (quel projet ? quelle amélioration ?),
 - d’illustrer les coûts évités ou les économies générées (la dette de demain permet de réduire les dépenses actuelles de fonctionnement).
 - de rappeler que l’emprunt permet d’étaler le coût des investissements dans le temps, et de le partager entre les générations.
 
Afin d’améliorer la transparence et l’acceptabilité de ce recours à l’emprunt, la loi de Finances pour 2024 a rendu obligatoire pour les collectivités de plus de 3 500 habitants, et facultative pour les autres, l’identification la part de dette dédiée à la transition écologique, mais aussi la part du budget dédié à la transition écologique (LFI 2024, articles 191 et 192).
Cette annexe « Impact du budget pour la transition écologique », déployée progressivement à partir de 2025, permet de créer un langage commun entre collectivités, banques et Etat pour répondre aux engagements européens et internationaux.
Le recours à l’emprunt constitue un levier essentiel pour permettre aux collectivités locales de répondre aux défis de transition écologique, de préservation de la biodiversité et de dérèglement climatique. Toutefois, toutes les collectivités ne disposent pas des mêmes capacités d’investissements.
Un travail collectif à l’échelle interterritoriale apparaît indispensable pour accompagner les territoires, au-delà de leurs frontières administratives, dans un contexte de tension budgétaire et de réduction des dotations de l’Etat.
💬 Un décryptage de Lou Lamure-Guigard, Responsable des relations partenaires & chargée du développement de l’AFL.