En décembre dernier, I4CE a publié une étude comparative sur le financement de la transition climatique dans dix pays aux réalités économiques et géographiques variées[1] intitulée « Plans de financement : comment les pays envisagent de financer leur transition climatique ». Sans surprise, l’étude met en évidence la contradiction entre la nécessité de coordonner une réponse à la crise climatique, et l’insuffisance des financements.
[1] Australie, France, Corée du Sud, Royaume-Uni, Etats-Unis, Bangladesh, Brésil, Chili, Rwanda, Afrique du sud
Des besoins massifs pour faire face à la crise climatique
Les études nationales (rapport Mahfouz Pisani Ferry, étude I4CE, rapport IGF …) s’accordent sur le besoin d’investissements massifs pour réussir la transition climatique, sans toutefois s’accorder sur le montant global. Le sujet de la transition climatique dépassant les frontières nationales, il est naturel d’examiner les actions mises en œuvre dans d’autres pays.
L’étude d’I4CE, publiée en décembre 2024 analyse les pratiques de financement de la transition climatique dans dix pays aux réalités diverses :
- Des pays en développement : Bangladesh, Brésil, Chili, Rwanda et Afrique du Sud
- Des pays aux économies avancées : Australie, France, Corée du Sud, Royaume-Uni et Etats-Unis.
En matière de financement, bien qu’aucun consensus clair n’émerge, le Groupe d’experts de Haut Niveau sur la finance durable, estime qu’il faudrait allouer 2 400 milliards de dollars par an, d’ici 2030, pour répondre aux besoins des pays en développement (hors Chine). Ces derniers nécessitent un soutien beaucoup plus important que celui actuellement disponible.
Dans les économies avancées, les Etats peinent également à financer leurs propres ambitions climatiques et répondre aux engagements internationaux.
Comme le souligne I4CE, l’évaluation quantitative des besoins d’investissement et des options de financement reste insuffisante au regard des enjeux.
Une meilleure articulation des acteurs et des financements à mettre en place
Pour I4CE, l’élaboration de plans de financement détaillés et pilotés à l’échelle nationale est une condition nécessaire pour engager l’ensemble des acteurs dans la transition climatique. Ces plans devraient répondre à quatre grandes questions :
- Combien dépenser, où et quand ?
- Qui doit investir et qui doit financer ces investissements ?
- Quels sont les actions nécessaires pour que ces transactions aient lieu ?
- Enfin, quels sont les impacts macroéconomiques de la transition ?
Le travail d’I4CE évalue les progrès réalisés par les pays sur ces questions à l’aide de 45 indicateurs analysant notamment les stratégies climat, les besoins d’investissement, les politiques publiques et le financement privé, les options de financement et l’évaluations d’impact macro-économiques
Les résultats montrent un taux de réalisation d’environ 60% sur ces 45 indicateurs. Cependant, les progrès se concentrent surtout sur les stratégies de long terme. Les perspectives pour les 2 à 5 prochaines années restent peu détaillées.
A noter : En France, les financements publics se distinguent par leur caractère décentralisé et leur ampleur : 75 % des leviers pour la transition écologique relèvent des compétences locales (figure 2).
[Figure 2 : Contributions centralisées vs décentralisées aux plans de financement de la transition]
Des échéances internationales déterminantes
En synthèse, les plans de financement visent à : Aligner les efforts publics privés ; Financer les priorités nationales ; Eviter les actifs échoués ; Intégrer les considérations climatiques dans les stratégies de développement complètes.
Toutefois, sur la scène internationale, le financement de la transition qui cristallise les tensions et va occuper une place centrale. Quand la COP 30, en novembre 2025, devrait officialiser en la hausse de l’ambition internationale, la transition climatique semble être reléguée à un second plan de nombreux agendas nationaux et internationaux.
La question de la répartition de l’effort, encore largement sous-analysée, doit devenir une priorité afin de mobiliser autant le financement public que privé et répondre à l’urgence climatique.
👉https://www.i4ce.org/wp-content/uploads/2024/12/Thinking-about-the-implications-How-countries-plan-to-finance-their-climate-transition.pdf ; https://www.i4ce.org/publication/plans-financement-comment-pays-envisagent-financer-transition-climatique/
💬 Un décryptage de Lou Lamure-Guigard, Responsable des relations partenaires & chargée du développement.