Décryptage : rapport de la Cour des comptes – L’adaptation des villes au changement climatique

La Cour des comptes a publié ce mois son rapport annuel public, consacré à l’« action publique en faveur de l’adaptation au changement climatique » qui dresse un certain nombre de constats préoccupants. L’adaptation des villes au changement climatique est l’objet d’attentions particulières.

L’accroissement des températures, une prise de conscience tardive.

Conséquence du changement climatique la plus immédiate pour les urbains, la réponse à l’augmentation des températures occupe une place prééminente dans les stratégies d’adaptation engagées par les villes.

Paris est ainsi la capitale européenne la plus exposée aux vagues de canicule, le record porté à 42,6 degrés en 2019 étant vraisemblablement appelé à être dépassé dans les années à venir. L’îlot de chaleur est un phénomène climatique symptomatique des transformations à l’œuvre dans les villes : l’écart de température entre les centres-villes et les espaces périphériques.

 

La Cour déplore toutefois l’hétérogénéité des stratégies d’une collectivité à l’autre. Plusieurs causes à cet état de faut : les diagnostics préparatoires peuvent être incomplets, voire s’appuyer sur des données datées.

Certaines stratégies ont été élaborées avec retard, et sans réellement présenter de trajectoire, lesquelles contribueraient pourtant à faciliter leurs évaluations et constituent à ce titre une obligation.  Enfin, l’intrication complexe, à différentes échelles, des différents plans territoriaux, est un frein à l’élaboration de politiques lisibles.

Quelles conditions de progression pour les collectivités urbaines ?

Pour faire face au changement climatique, la Cour des comptes souligne la nécessité d’une évolution dans les collectivités urbaines selon deux volets :

  • Les acteurs locaux doivent revoir leur organisation. La Cour remarque d’abord que la France a fait le choix d’un cadre contraignant à l’endroit des collectivités pour ce qui concerne l’adaptation au changement climatique, contrairement à ce qu’on observe dans d’autres pays européens. La multiplication des démarches de contractualisation suppose un effort de coordination, les différents outils de planification pouvant entrer en concurrence (démarches de labellisation proposées par l’Ademe, conventions proposées par les agences de l’eau ou l’Office français de la biodiversité…). Les gouvernances locales sont également appelées à évoluer, notamment par la mutualisation entre services administratifs, et par l’engagement d’importants efforts de formation.
  • Il importe de mieux évaluer les coûts liés à l’adaptation en ville. Cette nécessité suppose d’abord d’évaluer ces coûts au sein des plans climat air-énergie territoriaux (PCAET), aussi bien ceux liés aux politiques d’adaptation qu’à l’inaction. Un corollaire est la mobilisation accrue des financements disponibles, dont certains sont encore, en 2022, peu mobilisés par les collectivités. La Cour pointe notamment le Fonds vert, ou le soutien financier accordé par les agences de l’eau aux collectivités locales, qui font de l’adaptation la priorité de leurs programmes pluriannuels d’intervention.

Parmi les solutions, la Cour consacre un développement conséquent à la question de la végétalisation, à laquelle de nombreuses villes ont souvent recours. Sous les effets combinés de l’évapotranspiration et de l’ombrage des arbres, la variation de température peut atteindre 7°c entre le milieu de la rue et une zone ombragée.